Lors de mes consultations et visites à domicile, je suis souvent très surprise du nombre de famille consommant de l’eau en bouteille plastique ou hésitant à boire l’eau du robinet.
Pourquoi ? La réponse la plus courante est : « je n’ai pas confiance en la qualité de l’eau du robinet, surtout pour mon bébé ».
J’ai donc décidé de faire le point dans cet article de mon blog sur l’impact économique, écologique et sanitaire de l’eau en bouteille plastique versus eau du robinet.
Et biensur de vous donner des conseils pratiques en matière de santé environnement face à cette question de l’eau qui nous divise encore beaucoup.
L’eau ressource fragile et essentielle à préserver
Le droit à l’eau et à l’assainissement a été reconnu comme un droit humain fondamental en 2010 par la déclaration de l’Assemblée Générale des Nations Unies.
Quelques chiffres:
Petit rappel : les différentes types d’eau
Les eaux minérales naturelles : proviennent d’une nappe souterraine et contiennent des matières minérales. Pas de traitement, pas la même règlementation que l’eau du robinet. Certaines ont des vertus thérapeutiques. A consommer avec modération, voir sur prescription médicale.
Les eaux de sources : origine souterraine, naturellement propre à la consommation, même règlementation que l’eau du robinet. Seuls certains traitements sont autorisés.
L’eau du robinet : traitée pour la rendre propre à la consommation humaine.
D’abord on parle argent …
En considérant une consommation quotidienne de 1,5L/personne :
Une bouteille d’eau de source coûte en moyenne 20 centimes d’euros, c’est 110 euros /an/personne (Exemple : Cristalline).
Pour de l’eau minérale c’est 2 fois plus cher, plutôt 220 euros/an/personne (Ex : Hépar, Contrex…).
Pour l’eau du robinet : c’est 2 euros/an/personne.
Conclusion : les eaux en bouteilles sont 47 à 300 fois plus chères que l’eau du robinet! Les ventes d’eaux en bouteilles ont diminué en 2008 (crise, etc.) mais sont à nouveau en augmentation depuis (le covid est passé par là), avec notamment les eaux aromatisées.
Ensuite on parle écologie et impact environnemental :
D’après une dizaine d’études européennes, nous savons que le plastique des bouteilles d’eau représente le déchet le plus rependu dans les cours d’eau européens (14% versus 12% pour les emballages, ou encore 9% pour les mégots, et 1% les pailles) et forment au sein de l’océan pacifique tristement le 7ème continent … de plastique.
Neuf milliards de litres d’eau en bouteille sont consommés en France, faisant de ce pays l’un des cinq pays les plus consommateurs de bouteilles en plastique, derrière le Mexique, la Thaïlande (deux pays qui n’ont pas accès à l’eau potable), l’Italie et l’Allemagne.
Selon une étude suisse citée par l’ADEME portant sur divers scenarii (eau du robinet, ou en bouteille, eau plate, gazeuse, locale ou importée, tempérée ou réfrigérée…), l’eau potable du robinet serait 100 à 1000 fois plus écologique que l’eau minérale en bouteille! (Source : Que Choisir)
L’impact sur toute la biodiversité marine est une évidence : ce sont tous les animaux marins qui se trouvent impactés. Les tortues confondent le plastique avec leurs proies, le mangent, s’étouffent et donc meurent …
Les petits poissons, à la base de notre chaine alimentaire, ingèrent les microparticules de plastiques, eux mêmes mangés par les plus gros poissons, leur prédateur, jusqu’à se retrouver dans nos assiettes et donc dans nos tissus, organes, cellules… y compris chez nos bébés, enfants et femmes enceintes.
Tout le monde a entendu parler du rapport du WWF de juin 2019 affirmant que nous mangeons l ‘équivalent d’une carte de crédit (en plastique biensur), soit 5g environ par semaine. Je ne sais pas vous mais de mon côté je m’en abstiendrais bien. On va y revenir dans l’aspect sanitaire.
Les bouteilles en plastique ne sont pas à eux seuls responsable de tout ce drame environnemental : nos vêtements, l’utilisation de cosmétiques, les jouets, le matériel informatique et bien d’autres sources le sont aussi.
Le plastique des bouteilles d’eau, le PET, Numéro 1, est une matière 100% recyclable et malgré cela seules 59% des bouteilles collectées ont été recyclé. Des efforts restent à faire pour le PET.
Pour nombreux d’entre vous, de manière globale, le plastique se recycle, et d’après certains…à l’infini !
Je me dois donc vous rappeler à nouveau un bien triste chiffre : celui du taux de recyclage en France de nos chers plastiques : 26% …seulement ! Et oui…avant dernière place des pays européens…En Allemagne c’est 60%.
Non ! Tout le plastique que vous prenez la peine de recycler n’est in fine pas recyclé à 100% et surtout non recyclable à l’infini (pas encore du moins).
Pourquoi ? Actuellement, les technologies de tri industrielles ne permettent pas de séparer tous les types de matières plastiques contenues dans les résidus de broyage. Plus la diversité des matières en présence est grande, plus le tri est complexe. D’autre part, les plastiques obtenus après tri des résidus ne sont pas purs. Il reste des polluants, ce qui limite les possibilités de les utiliser dans de nouveaux produits.
Il faut esperer que la loi Française Agec (Loi Anti gaspillage votée en 2020), applicable en France depuis ce 1er janvier 2023 saura faire évoluer ces chiffres vers une économie plus respectueuse, plus vertueuse, celle de l’économie circulaire. Même si pour moi cette loi n’est in fine non plus la solution miracle…Existe-t-elle? Une chose est certaine : le meilleurs déchet reste finalement celui que nous ne produisons pas.
J’en arrive donc à un point essentiel de ce point écologie : l’impact carbone d’une eau en bouteille versus eau du robinet.
Selon l’ADEME, la consommation d’un litre d’eau en bouteille émet 400 grammes de CO2 contre 0,1 gramme par litre d’eau du robinet.
Si je prends l’analyse de cycle de vie (ACV) complet de ma bouteille d’eau, à savoir que je prends compte de toutes les étapes de vie de ma bouteille, du captage de l’eau à sa conception-fabrication, son acheminement (300Km de son embouteillage à votre verre), sa commercialisation… le transport représente la source de pollution principale et donc d’émission de Gazs à Effet de Serres (GES).
A l’heure où l’ Accord de Paris nous demande de tendre d’ici 2050 à un impact carbone de 2T de CO2 par personne et par an ….la consommation d’eau en bouteille me semble être une énurésie totale…
Je vous laisse découvrir une infographie sur l’eau qui résume cela très bien : https://trademachines.fr/info/eau-en-bouteille/
Enfin parlons de l’impact sanitaire :
L’eau du robinet
En France 99,2 % de personnes ont accès à de l’eau potable c’est à dire « une eau dotée de caractéristiques microbiennes, chimiques et physique répondant à des directives et à des normes relatives à la qualité de l’eau de boisson. » d’après l’OMS.
L’eau est l’un des aliment le plus contrôlé selon des limites et références de qualités (en France fixé par les ARS, en suisse par l’office fédéral de l’environnement en lien avec les cantons).
L’eau doit remplir les 3 conditions suivantes pour être distribuée :
Mais…
De nombreux polluants peuvent être retrouvés dans les eaux. On parle de plus en plus de «substances émergentes ».
Dans les communes rurales de moins de 500 habitants, l’eau peut en effet être moins surveillée…et est d’ailleurs aussi celle qui est le plus souvent exposée aux produits phytosanitaires (pesticides notamment) issus de l’agriculture intensive, des vignes, ou encore de la monoculture.
Ce qu’on a tendance à oublier, c’est que la concentration de pesticides dans l’eau du robinet reste bien inférieur à celle qui se trouve dans notre alimentation (conventionnelle) !
L’autre problématique : les résidus de médicaments (œstrogènes, antidépresseurs, antidouleurs, anticancers): nous sommes champions de la consommation de médicaments en Europe et 4èmes consommateur mondial !
Il y a aussi les résidus issus des cosmétiques (nanoparticules et hydrocarbures en particuliers), les perturbateurs endocriniens, nitrates, métaux lourds, microplastiques, …
Dans tous les cas, il ne s’agit que de traces qui ne remettent pas en cause la potabilité de l’eau. (sauf exception biensur et nous l’avons vu, entendu ou subi pour certains d’entre nous lors de cette année 2022, notamment dans les Hauts de France, Bretagne, Grand-Est…).
60 millions de consommateurs a révélé une étude montrant que la quantité de tous ces résidus sont équivalents dans l’eau en bouteille. (Mars 2013)
Pourquoi ? Car aujourd’hui c’est une problématique bien plus vaste : nous faisons face à un problème humain globale. Notre environnement tout entier est touché : l’eau, l’air, la terre…et donc nos eaux en bouteille (de source ou minérale) sont tout autant contaminées, à la source même de ces eaux…
Microplastiques, quels dégâts sur notre santé ?
60 millions de consommateurs a révélé que : « les microparticules de plastiques sont présents dans le placenta de foetus humain et dans le lait maternel. »
D’après l’Association Agir pour l’environnement « : Les principaux plastiques retrouvés sont le Polypropylène, le Polyéthylène et le Polyéthylène Terephtalate, ce qui laisse présager une contamination via le bouchon ainsi que par la bouteille, lors de sa dégradation. Et « soumises à de fortes chaleurs et à la lumière, ces bouteilles d’eau pourraient rejeter des quantités de microplastiques encore plus importantes ».
Si les effets des microplastiques sur la santé demeurent encore très méconnus, les scientifiques soulignent néanmoins que la présence de ces particules constitue « un sujet extrêmement préoccupant » en raison du rôle crucial du placenta dans le développement du fœtus…et qu’il ne serait pas étonnant de les retrouver dans les organes et tissus du bébé.
L’Anses évoque quant à elle des possibles dysfonctionnements intestinaux et des déséquilibres du microbiote chez les animaux.
Affaire à suivre…
Mes conseils et recommandations
Recommandation si consommation d’eau en bouteille :
Ne jamais exposer l’eau des bouteilles en plastique à une source de chaleur quelconque ou aux UV (exemple typique : laisser une bouteille d’eau dans sa voiture par forte chaleur).
Privilégier les bouteilles en verre, matière stable et inerte.
Focus pour les nourrissons, les bébé
En 2016 l’ANSES recommande l’eau du robinet pour la préparation de lait infantile chez les nourrissons et les bébés, sous quelques conditions :
Si vous utilisez une eau en bouteille, une eau de source ou une eau minérale naturelle, veillez à ce qu’elle soit bien destinée aux nourrissons.
« La réglementation concernant les limites de qualité sont équivalentes à celles de l’eau du robinet. Les eaux minérales ou de source doivent répondre à des critères supplémentaires pour leur consommation par les nourrissons. Les étiquettes doivent impérativement porter la mention : « Convient pour la préparation des aliments des nourrissons » ou une autre mention relative au caractère approprié d’une eau minérale naturelle pour l’alimentation des nourrissons. »
Attention : une eau de source d’une marque donnée peut provenir de sources différentes. Toujours vérifier que la mention est bien présente sur l’étiquette (surtout lors de vacances ou de déplacements en France).
Par ailleurs, une bouteille entamée doit être réfrigérée et consommée rapidement.
Enfin quelques recommandations pour la consommation de l’eau du robinet :
Laisser reposer son eau à T° ambiante pendant 45 min pour laisser le chlore s’échapper, 1h au frigo. Avoir donc une carafe avec un goulot ouvert.
Renseignez vous sur la qualité de votre eau du robinet
Les Carafes filtrantes : attention non recommandées pour les bébés. Top fort risque de prolifération microbienne.
Dés que les cartouches sont saturées, elles relarguent en très forte concentration toutes les substances qu’elles ont pu éliminer de l’eau. Or, elles saturent très vite, il faudrait donc les changer beaucoup plus souvent que ce qui est indiqué par les fabricants.
D’après une étude de l’UFC Que choisir (avril 2010), les carafes filtrantes seraient :
Globalement, peu efficaces du faite que l’eau est filtrée à travers les cartouches avec très peu, voir pas du tout de pression.
Le Charbon végétal :
Charbon actif utilisé au Japon depuis le 17ème siècle, le charbon Binchotan est issu de la préfecture de Wakayama. Il est fabriqué selon la méthode ancestrale de carbonisation et d’activation, dans un four traditionnel fait à la main, à partir de branches de chêne dont la haute densité est essentielle à sa qualité.
Sa surface a une capacité colossale de fixation des molécules présentes dans l’eau. Il améliore nettement son goût. Ce filtre naturel permet de boire l’eau du robinet en se débarrassant des impuretés.
C’est un très bon filtre : mis au contact de l’eau, il absorbe toutes les impuretés de l’eau (chlore, agents organiques, goûts, odeurs), les micro-polluants comme les pesticides et les métaux lourds. Il améliore le goût de l’eau du robinet, en absorbant les odeurs parfois présentes. Mieux que ça, le charbon actif libère des minéraux (magnésium, calcium, fer etc.) aux fonctions régulatrices en cas de troubles digestifs, et nettoie l’organisme de résidus indésirables.
Attention : bien le stériliser avant utilisation et le changer très régulièrement (tous les mois environ) pour éviter de le saturer et donc de relarguer les micros-polluants dans l’eau de votre carafe.
Les Perles de céramiques :
Économiques et efficaces, elles ont une durabilité exceptionnelle. Composées d’argile fermentée par des micro-organismes activés, les perles de céramique agissent sur la structure de l’eau. Reconnues pour leur aptitude à améliorer nettement le goût de l’eau du robinet dans nos carafes, elles ont de multiples usages supplémentaires, dont les suivants :
– éviter le dépôt du calcaire dans les carafes, bouilloires, lave-linge, lave-vaisselle ou les toilettes
– améliorer le pouvoir lavant et rinçant de l’eau
Efficaces pendant plus de 10 ans, elles sont biodégradables et compostables.
Le charbon s’associe volontiers aux perles de céramique dans la carafe, pour une synergie appréciable.
Autre système de filtration simple et efficace :
Un Système de filtration raccordé à votre robinetterie avec cartouche de charbon actif compacté et à la céramique active.
Ne nécessite pas de modification de la robinetterie, destiné à la filtration de l’eau froide. La vanne située sur le côté de l’adaptateur robinet permet de permuter entre l’eau filtrée (position horizontale : l’eau sort par le filtre) ou l’eau non filtrée (position verticale : l’eau sort par le mitigeur).
La cartouche à une capacité de filtration d’environ 1 500 litres. La durée d’utilisation recommandée est de 6 mois. Une fois saturée d’impuretés, la cartouche reste très sûre, puisqu’aucune des substances piégées n’est relâchée, seul le débit est réduit.
Purificateur d’eau à gravité :
C’est le moyen simple, fiable et efficace pour disposer d’une eau pure et sûre à partir de n’importe quelle source non contrôlée. En extérieur, chez soi ou en cas d’urgence… Idéal pour les lieux sans accès direct à l’eau potable (non contrôlée, eau de torrent, lac, rivière, de surface…) mais aussi en camping, gîte, dans des lieux isolés sans adduction d’eau ou en cas d’urgence, de catastrophe naturelle et secours humanitaire…
Le filtre à eau par gravité possède 2 réservoirs superposés et 2 cartouches de filtration d’eau. Le réservoir supérieur est rempli avec de l’eau non filtrée, qui par gravité, va traverser les cartouches de filtration pour arriver filtrée dans le réservoir inférieur.
L’eau filtrée est récupérée au robinet et buvable directement.
Dynamiser son eau
Une eau dynamisée est donc une eau qui est d’abord passée dans un filtre puis dans un dynamiseur. La dynamisation est un procédé d’activation de l’eau qui reproduit les mouvements que l’eau suit dans la nature, soit des mouvements en forme de vortex (spirales, tourbillons), d’accélérations et décélérations, tout en étant exposée à des champs magnétiques (la terre étant finalement une grande magnétosphère).
Différents outils sont disponibles.
Osmoseur inverse
Principe : L’osmose inverse est un système de filtrage de l’eau naturel et simple qui permet de retenir les impuretés présentes dans l’eau pour ne laisser passer que les molécules d’eau. Pour obtenir ce résultat, on utilise la pression hydraulique pour forcer l’eau à circuler à travers une membrane semi perméable.
En conclusion, eau du robinet, eau en bouteille ou eau filtrée à domicile…le choix n’est pas toujours facile, tant les informations sont multiples et contradictoires, les publicités influentes et les intérêts économiques puissants.
D’un point de vue éthique, écologique et environnementale, il est évident que la consommation d’eau du robinet est bien plus respectueuse de l’environnement que celle de l’eau en bouteille.
Toutefois, si nous voulons continuer de boire de l’eau du robinet, il faut que chaque individu comprenne qu’il est responsable de la qualité de cette eau et surtout qu’il peut à son niveau préserver cette qualité mais aussi la quantité de nos ressources… si fragiles et épuisables. Et oui les limites planétaires sont bien réelles…un autre sujet passionnant.
A bientôt pour de nouvelles aventures autour de la santé environnementale.
Sources :
UFC.Que choisir.org
60 millions-mag.com
Ademe.fr
ANSES.fr
Agir pour l’environnement.org
Nos gestes climats.fr
Trademachines.fr/info/eau-en-bouteille/
WECF-France.org